EGLISE PROTESTANTE DU SENEGAL
RELIGION MUSULMANE
RELIGIONS TRADITIONNELLES

EGLISE PROTESTANTE DU SENEGAL
Historique et situation de l'Eglise
Depuis 1861, la Mission de Paris a fait plusieurs tentatives d'implantation missionnaire au Sénégal. Les premiers qui sont arrivés à Sedhiou en Casamance ont dû abandonner à cause des incidents et des décès. D'autres essais vont se poursuivre dans la capitale de l'époque, St Louis. Vers la fin du siècle, 25 missionnaires se sont relayés, toujours sans grand succès. François Villegier réussit cependant à traduire la Bible en Wolof et Walter Talor, un sierra-léonais, descendant d'esclaves et ordonné à Paris en 1878, va continuer l'évangélisation parmi les esclaves affranchis. Il réussit à construire une chapelle près de Saint-Louis en 1894. Lorsque Dakar devient la capitale du Sénégal en 1904, un missionnaire y est envoyé en 1906 et un temple est bâti en 1913.
En 1972, l'Eglise Protestante de Dakar devient l'Eglise Protestante du Sénégal.
La paroisse principale de Dakar, ainsi que celles de Saint-Louis, Thiès et Bambey, comptent environ 200 familles, essentiellement non sénégalaises et en perpétuel renouvellement. La communauté de l'Eglise reproduit donc le cosmopolitisme de la capitale, ville internationale et universitaire accueillant, en majorité, des étudiants de diverses nationalités. L'autre particularité de cette Eglise est que le corps pastoral a depuis toujours été composé de missionnaires et de laïcs locaux ; actuellement, l'Eglise compte un pasteur (envoyé de la Cevaa) pour environ 200 familles.
Témoignage
Malgré la présence majoritaire des étrangers au sein de l'Eglise Evangélique du Sénégal, son influence est sans commune mesure avec son importance. Bien que vivant dans un pays dominé à 90% par l'Islam, elle est présente dans tous les débats essentiels sur la vie sénégalaise et prend une part importante dans le dialogue islamo-chrétien.
Le Centre Liberté de Dakar, à la fois école maternelle et primaire et lieu de formation des jeunes filles et garçons, est ouvert à tous sans distinction de religions. Ce Centre fait partie des œuvres de l'Eglise administrées par l'Association Protestante d'Entraide du Sénégal (APES), véritable outil de témoignage et de présence auprès de la population.
Relations oecuméniques
L'EPS est membre de l'Association des Conseils Chrétiens et Eglises d'Afrique de l'Ouest, de la CETA, du COE, de la Cevaa et de l'ARM. Elle collabore avec la Société des Missions des Pays-Bas et des organismes tels que Brot für die Welt et la Word service.
Contexte socio-politique
Le Sénégal est un pays peu industrialisé, qui connaît un taux de pauvreté estimé à 62 % et un taux de chômage d'environ 25 %, touchant essentiellement les jeunes. A cette baisse du niveau de vie, s'ajoute une crise socio-culturelle. Toutefois, Dakar, réputée pour ses infrastructures de formation (universités...), est le siège de plusieurs organisations internationales. Et malgré la rébellion en Casamance (en voie de résolution), le Sénégal continue d'accueillir les nombreux réfugiés fuyant les foyers de tensions et de conflits voisins.
Dans une société islamisée à 90%, l'Eglise poursuit son témoignage et prend une part importante à l'instauration du dialogue islamo-chrétien.
Près de 90% de la population sénégalaise est de confession musulmane. L'islamisation du pays date du XIème siècle (époque à laquelle les Almoradives (moines guerriers berbères), conquierent le Nord du Sénégal. L'apparition du christianisme est beaucoup plus récente. Souvent mêlée à ses deux religions, l'animisme, avec ses rites et ses croyances, est encore très présent.
RELIGION MUSULMANE
Comprendre la religion au Sénégal, c'est avant tout comprendre comment fonctionnent les différentes confréries maraboutiques du pays. Une confrérie, au sens sénégalais du terme, est un ensemble de croyants se réclamant d'un guide spirituel commun, le marabout.
La particularité de la religion musulmane au Sénégal est l'existence d'importantes confréries, dont les principales sont les suivantes :
La Qadria
Fondée par Abdoul Qadir Al-Jilali, de Bagdad, au 15ème Siècle, elle constitue la plus ancienne confrérie. Au Sénégal, on en retrouve une branche, établie par Cheikh Bounaama Kounta, religieux né à Bou Lanouar (Mauritanie), qui se fixa au Kayor, où il fonda Ndanklé. Son fils, Cheikh Bou Kounta (1840-1914), fit de Ndiassane - où il s'installa en 1885 - un important centre Qadir. A sa mort, il fut remplacé successivement par ses cinq fils dont le dernier est l'actuel Khalife. Chaque année, le Gamou (jour de la naissance du prophète) de Ndiassane attire de nombreux fidèles.
Les cheikh des autres branches (Fadelia et Sidia) de la confrérie demeurent en Mauritanie. La Qadria reconnaît la primauté du mysticisme et commande de se placer sous l'autorité d'un cheikh.
La Tidjania
La Tidjana a pour fondateur Sidi Ahmed Al Tidjani, né en Algérie en1737 et décédé à Fez en 1815. Au Fouta-Toro l'essor de la confrérie est dûe à El Hadj Omar Tall (1794-1864), revenu de la Mecque en qualité de Khalife des Tidjanes pour le Soudan.
En pays wolof, le mérite de la propagation de l'ordre revient à El Hadj Malick Sy, né en 1855 près de Dagana. En 1902, il se fixa définitivement à Tivaouane qui devint, sous son impulsion, un centre d'enseignement et de culture islamique. A son décès, en 1922, son fils Ababacar Sy fut le premier khalife ; Mansour Sy, son frère, lui succéda mais mourut quatre jours plus tard. Serigne Mansour Sy est depuis 1997 (date du décès d'Abdoul Aziz Sy) l'actuel khalife.
Le Gamou de Tivaouane 
rassemble chaque année de nombreux fidèles à l'occasion du Maouloud (naissance du Prophète). La "maison" de Tivaouane n'est pas la seule que compte la confrérie au Sénégal. Il y a celle de Kaolack qui a pour fondateur Abdoulaye Niasse, celle de Médina-Gounass (à l'est du Parc niokolokoba) créée par Mamadou Saïdou Ba et, près de Thiès, celle Thiènaba dont l'initiateur fut le disciple d'un célèbre marabout du Fouta, Amadou Sekhou.
La Tidjania attache une grande importance aux aspects culturels et éducatifs. Elle est favorable à l'adhésion individuelle du disciple.
Les Layènes
La quatrième confrérie fut créée par Libasse Thiaw plus connu sous le surnom de Limamoulaye (1843-1909). Pêcheur illettré, Libasse ne s'en lança pas moins dans la prédication religieuse en 1884 en prétendant réincarner sous la peau noire le Prophète Muhammad mort à Médine en 632.
Sa confrérie se répandit dans la presqu'île du Cap-Vert notamment parmi les Lébous, de Kayar à Rufisque."L'enseignement du fondateur de la confrérie Seydina Limamou Laye (Libasse Thiaw) repose sur le suivi scrupuleux de tous les préceptes de l'Islam et notamment les cinq piliers dont le Ramadan. En plus il apporte des compléments à la pratique quotidienne. Pour étayer mes propos, ces quelques exemples suffiront :1- Les ablutions : Seydina Limamou Laye demande à ses disciples en lavant leurs pieds de ne pas s'arrêter à la cheville comme tout le monde mais de continuer jusqu'au genou. Il recommande aussi de faire ses ablutions avant toute prière reléguant au second plan le " tîme "(*).2- La prière : En plus de la pratique quotidienne des cinq prières, le Saint Maître recommande de chanter les louanges de Dieu avant chaque prière pour qu'on puisse se détacher de ce bas monde et communier avec le Seigneur. Seydina Limamou Laye demande à tout Layène de vivre avec le " Zikr " "(**) car elle constitue la nourriture de l'âme.3- Le Ramadan : Le jeûne en milieu layéne revêt un caractère particulier vu l¹intensité dans laquelle il est vécu. Le Ramadan constitue un moment de communion et de recueillement. Durant cette période, les Layènes célèbrent chaque soir la nuit du destin (qui n¹est fêté que lors du 26ième jour par les autres musulmans) dans une grande ferveur religieuse traduisant une volonté de vivre pleinement les bienfaits de ce mois béni.
(*) tîme : faire ses ablutions de manière mimique.
(**) zikr : chants religieux ( en wolof ou en arabe)
La Mouridia
La confrérie mouride a pour fondateur Amadou Bamba Mbacké (1853-1927), né à Mbacké-Baol, fils et petit-fils de marabouts renommés. Les autorités coloniales le déportèrent au Gabon (1895-1902) puis en Mauritanie (1903-1907) ; il fut ensuite assigné à résidence à Tiéyène dans le Djolof, avant d'être autorisé, en 1912, à s'établir à Diourbel où il mourut. Chaque année est célébré à Touba (dont la mosquée est la plus grande de l'ouest africain) le Magal, en commémoration du départ en exil d'Amadou Bamba.

Son fils aîné, Mouhamadou Moustapha fut le premier khalife puis vinrent ensuite Falilou, Abdoul Ahad, Abdou Khadre et Serigne Saliou Mbacké, le khalife actuel.
Le mouridisme et fortement marqué par son caractère africain. Le Mouride (de
"mourit", aspirant) se doit de se dévouer à son marabout ; l'importance accordée
au travail a permis, par le biais des Talibés, la mise en culture de territoires très
étendus.
RELIGIONS TRADITIONNELLES
Les animistes ont en commun, pour la plupart, un ensemble de croyances et de pratiques tant religieuses que culturelles. La croyance en un Dieu unique, créateur et maître du monde est partagée par tous. Cette divinité est assistée par un messager et par les esprits des ancêtres. Il existe des endroits réservés aux cultes, ceux des hommes étant séparés de ceux des femmes. On y pratique des libations. Des rites agraires, accompagnés de musique et de danse, ont lieu à la fin des récoltes.
Certes seuls quelques Casamançais, Bassaris, Coniaguis ou Tendas sont ouvertement et uniquement fétichistes. Leurs noms, leurs fêtes, leurs rites sont ancestraux et rendent hommage aux esprits et aux ancêtres.
Les défunts connaissent une vie éternelle avec l'existence d'un paradis et d'un enfer. Les morts sont inhumés sous le toit de leur case, lequel est ensuite recouvert de sable, donnant ainsi naissance à de petits tumulus. La société considère que certains défunts peuvent provoquer des sécheresses. Lorsque leur responsabilité est découverte, elle les invoquent et, s'ils persistent, les exhume puis en disperse les restes.
Le champ constitue un lieu sacré et pour exploiter la terre il faut tenir compte de ses détenteurs invisibles (les ancêtres et les esprits) et user de tout un rituel tant pour procéder aux semailles qu'aux récoltes. A Touba Toul se perpétue la tradition du "fil" qui vise à conjurer les mauvais sorts, les calamités naturelles, les épidémies et à appeler la fertilité et la prospérité. C'est durant cette fête qu'on détermine la date de l'ensemencement du mil.
Croyances et pratiques
Les Sérères croient en l'existence de sorciers "reteneurs d'eau" et, avant que la religion musulmane ne soit adoptée, on faisait appel à des spécialistes capable de découvrir le responsable du retard des pluies. Chez les Wolof et les Lébou, quand la pluie tarde à venir, le "Bawnane" rassemble la population et une procession d'officiants, pour invoquer les dieux et jeter à la mer des offrandes demil, de mais et de lait caillé Chez les mandingues, le "Kankouran", protecteur des circoncis, veille sur les arbres fruitiers : en attachant des fibres de son costume aux arbres, il entend interdire à quiconque d'y nuire. Les pêcheurs disposent d'objets protecteurs pour se préserver des naufrages et des dérives et pour s'assurer des pêches fructueuses. Une embarcation correctement pourvue de "gri-gri" ne coulera pas et des filets munis de pareils éléments ramèneront des flots des prises abondantes. A Cayar, on rendait un culte au génie de l'eau. Les Lébou pratiquent encore des libations annuelles et les Sérères considèrent que par des incantations, il est possible de s'attirer de bonnes pêches.